Nicolas Hubert Grenoble danseur
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Slumberland - 2009

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Que se passe-t-il quand le corps se relâche et que la conscience dérive, dans l’espace d’une nuit ou la parenthèse d’une sieste ?
Portons l’attention sur ces moments où l’attention se déporte…
Mais le sommeil a ceci de « paradoxal » qu’on ne peut porter son attention dessus au moment précis où il nous arrive :
« Je dors et ce je qui dors ne peut pas plus le dire qu’il ne saurait dire qu’il est mort », comme l’écrit Jean Luc Nancy.
Slumberland, « pays de l’assoupissement », est ce territoire onirique (domaine du roi Morphée), dans lequel Little Nemo, personnage de bande dessinée du début du vingtième siècle, retourne chaque nuit, et à chaque nouvelle page, poursuivre son rêve.
Aujourd’hui, un siècle plus tard, Slumberland devient ici un simple prétexte à explorer l’idée d’un territoire temporel irréaliste, une terre aux contours flous, qui s’étend du moment d’absence au sommeil profond, scrutant les sensations du dormeur : suspensions, apesanteur, vol, mais aussi glissements… et chutes.

« Un homme qui dort tient en cercle autour de lui le fil des heures, l’ordre des années et des mondes. Il les consulte d’instinct en s’éveillant et y lit en une seconde le point de la terre qu’il occupe, le temps qui s’y est écoulé jusqu’à son réveil ; mais leurs rangs peuvent se mêler, se rompre. »
Marcel Proust, « Du côté de chez Swann »

Note d’intention

Winsor McCay « cadre » toujours les aventures de Little Nemo dans le réel : la première image est celle de l’enfant qui se couche, la dernière celle de son réveil. Entre temps, il est question de ses voyages dans ce pays des rêves qu’est Slumberland (sorte de pendant masculin au Wonderland d’Alice aux pays des merveilles).
C’est cet aspect de cette bande dessinée qui retient notre attention : partir du réel pour s’en extraire et y revenir. Nous ne sommes donc pas d’emblée dans une fiction, mais on y glisse et on en revient à chaque page.
Nous cherchons de la même façon à créer des bascules par rapport au réel : basculer dans une autre temporalité, par le biais du bercement, de la respiration, de la lenteur, de la répétition… Et en somme inviter le spectateur à une expérience sensorielle, une sorte d’hypnose.
Au-delà du rêve et de l’onirisme qu’évoquent le personnage de Little Nemo et le pays imaginaire de Slumberland, c’est le phénomène du sommeil lui-même qui nous intéresse : son action physiologique - sur le corps, la respiration, les battements du cœur - la parenthèse physique, la transformation qu’il effectue en nous, et son ancrage en marge de la conscience. Nous ne savons pas ce qui se passe dans le sommeil au moment où cela se passe.
Chercher à prendre conscience de ces moments où l’on n’a justement plus conscience relève finalement du même paradoxe que de vouloir chorégraphier l’immobilité apparente du sommeil.

« Je dors et ce je qui dors ne peut pas plus le dire qu’il ne saurait dire qu’il est mort ».
Jean-Luc Nancy, « Tombe de sommeil »

Production : Cie épiderme
Coproductions :
Théâtre de Création – Grenoble, Le Pacifique|CDC – Grenoble
Avec le soutien de la Ville de Grenoble, du Conseil Général de L’Isère, du Conseil Régional Rhône-Alpes, de la DRAC Rhône-Alpes.
Décors réalisés par les ateliers de création de la Ville de Grenoble.
Prêts de studios : Centre Chorégraphique National du Havre.

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